Saint-Germain-de-l’Hommel vu par l’abbé Angot

L’abbé Alphonse Angot (1844-1917) est un historien français qui consacra une partie de sa vie à la rédaction d’un Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne en quatre volumes.


Saint-Germain-de-l’Hommel, bourg et paroisse, cne de Fromentières, à 3.500 m. N.-O. — Ecclesia Sancti Germani super Meduanam, Cenomanensis diœcesis, 1232 (Arch. de M.-et-L., fds Toussaint). — Saint Germain de Lormel, 1312 (Bibl. nat., fr. 8.736). — Parrochia Sancti Germani de Ulmo, 1317 (Bibl. du Mans, mss. 244, f. 303). — Le prieur de Saint Germain de Lomeau, 1453 (Arch. de M.-et-L., fds Toussaint). — Vineæ in parrochia Sancti Germani de Ulmis, 1457 (Lib. fund., t. I, f. 87). — Saint-Germain-de-l’Hommeau (Reg. par., Jaillot, Cassini).

« Le bourg, écrit Davelu (1780), est situé sur le chemin de Château-Gontier à Laval ; la paroisse arrosée par la Mayenne que l’on passe au pont de Neuville ; il y a quelques vignes. » Ces renseignement sont pris de la carte de Jaillot, inexacts en partie : la grand’route laisse le bourg à l’écart. Le territoire paroissial comprenait 268 hect. et 19 fermes en 1844. — « Fond médiocre de 427 arpens, sçavoir : 129 en terres labourables, 60 en pastures, 41 en préz, 6 en bois, 119 en landes, 72 en vignes » (Miroménil, 1696). — Un dixième de la terre est en vignes au XVIIIe s., produisant de mauvais vin. On cultive : froment, seigle, avoine, blé noir (Arch. d’Indre-et-Loire).

Population. — Moyenne des naissances : 8, de 1620 à 1630. — 38 feux en 1688 ; — 43 feux en 1696 ; — 40 feux en 1700 ; — 35 feux en 1715 ; — 155 hab. en 1726 ; — 41 feux en 1732 ; — 64 feux en 1769 ; — de 100 à 120 communiants en 1778 ; — 171 hab. en 1795 ; — 174 hab. en 1803 ; — 200 hab. en 1820 ; — 167 hab. en 1843 ; — 155 hab. en 1902, dont 40 dans le bourg et le reste disséminé en 19 fermes.

Paroisse, anciennement de l’archidiaconé de Sablé et du doyenné de Sablé en deçà de l’Ouette ; — de l’élection et du grenier à sel de Château-Gontier, et des ressorts judiciaires de Château-Gontier et de Laval ; — du district de Château-Gontier et du canton de Fromentières en 1790 ; — de la Mission de Sablé en 1797 ; érigée en succursale par décret du 5 nivôse an XIII ; supprimée et réunie à la paroisse de Fromentières, 1810, et civilement à la même commune, 1843 ; de nouveau érigée en succursale par ordonnance du 31 mars 1844, de l’archiprêtré et du doyenné de Château-Gontier.

L’église, dédiée à saint Germain, évêque d’Auxerre (fête le 31 juillet), a été augmentée au commencement du XVIe s. de deux chapelles voûtées à moulures prismatiques et clefs de voûtes ornées des armes des Montecler (?) ou d’anges porteurs des attributs de la Passion. On entre dans la chapelle méridionale par une arcade en plein cintre décorée d’ornements de style flamboyant ; on y voyait quelques débris d’anciens vitraux il y a trente ans. La chapelle du nord, divisée en deux voûtains, a huit nervures partant de chaque clef de voûte. Au maître-autel, deux reliquaires en bois en forme d’édicules.

Les paroissiens commandent à Laval en 1729 une statue de sainte Émérance ; font faire en 1749, par Michel Foussier, menuisier à Château-Gontier, le lambris de la nef, un devant d’autel, orné de pilastres et d’un « cadre cintré à oreilles, » un dossier (retable ?) à cadre cintré avec deux pilastres et le dais au-dessus, des corniches, vases et balustres, pour 166 ₶. Le 1er juin 1766. Guy Hocdé, peintre et doreur à Château-Gontier, s’engage pour 240 ₶ à réparer le tabernacle, remplacer l’arcade portée par deux anges par une nouvelle exposition composée de deux palmiers portant un dôme sur lequel sera exposée la Résurrection, le fond rempli d’une bonne glace ; faire un second gradin à l’autel, quatre chandeliers et une croix de 18 pouces « à pieds consoles, » et quatre vases de 6 pouces. Une vieille cloche de 100 kil., dont M. Guais des Touches n’avait pu déchiffrer l’inscription, a été refondue depuis quarante ans. La tour, construite sur devis de 5.000 fr. et plans de M. Fouilleul, architecte à Château-Gontier, date de 1859. M. Boutruche, qui fit construire la tour, procura aussi un nouvel autel et restaura l’intérieur de l’église. M. de Chavaignac paya un vitrail de 1.100 francs. — Dans la nuit du 2 mars 1901, l’église fut profanée, et réconciliée le 10 du même mois.

Pierre Cousin, prêtre, diacre d’office en l’église de Saint-Julien d’Angers, fonda en 1658 un ordinaire de messes à Saint-Germain.

Le produit de la quête de l’aguillanleu (1598, 1729) était destiné en partie à l’achat d’un cierge, sans compter les frais « pour nourrir les asguialleus ». Depuis 1770 l’« agianleu » ou « la guianleu » produisait de 50 à 60 ₶ en argent ou en chanvre et lin.

Prieuré-cure de chanoines réguliers à la présentation de l’abbé de Toussaint d’Angers.

Prieurs-curés : Guillaume, clerc séculier, avant 1232. — Geoffroy de Rohan avait acheté plusieurs quartiers de vignes, que l’abbé de Toussaint réclama à son successeur, ainsi que cinq tasses d’argent, divers meubles et ustensiles de ménage, 1453. — Jamet Marrays, 1453. — Jean Marrays, † 1464. — Guillaume Troemault, profès de Toussaint, 27 mars 1464. — Jacques Quetin donne à son vicaire, Julien Bruneau, une procuration pour rendre aveu, datée d’Angers, 1573. — Julien Bruneau, vicaire de Saint-Germain, 1582, curé de Fromentières, 1587. — Jacques Hunault résigne, 1595. — Pierre Barbot, 13 juin 1595, se démet, 1600. — Jean Mauchin, 1600, inhumé dans l’église, le 7 mars 1632. — Jean Blastier, mars 1632, 1640. — François Rebours, 1643, fait son testament, 1653. — René Allaire, 1666, résigne, 1696, † 1706. — René Touranlore, demeurant à Étriché, 21 février 1696, pourvu de la chapelle de la Gendronnière en Saint-Sulpice, 1704, de celle de Baubigné en Fromentières, 1706, inhumé dans le cimetière, le 11 août 1748, âgé de soixante-dix-huit ans. — Jean-Baptiste Bauné, demeurant à Beaufort, 22 avril 1748, † le 9 août 1764, âgé de cinquante-six ans. Son épitaphe, gravée par Bonnet, d’Angers, sur une plaque de cuivre, rappelle sa mort et fait son éloge :

Hic jacet Joannes-Baptista Bauné, Sancti-Germani sacerdos prior, fato functus 9 augusti 1764, quinquaginta sex natus annos.

Assiduis precibus tumulum nunc cernite cuncti,
Insignem pietate virum tot adire labores.
Huic decus imposuit templo ; concordia semper
Inter oves delecta suas devinxit amicum
Pastorem ; Numen (ou lumen) memores orate supremum,
Quem dedit æterna vobis ut pace quiescat.

Simon Le Balleur, vicaire à Cosmes, 20 août 1764, permute, 1772. — Pierre Rousseau, curé de Changé, 17 septembre 1772. † avant d’avoir pris possession. — Charles Maucorps, du diocèse de Bayeux, desservant du Bourg-Philippe, novembre 1772, maintenu contre Nicolas Chesneau, chanoine régulier, demeurant à l’abbaye de Saint-Chéron, résigne le 7 janvier 1790, † le 8 juin suivant, à l’âge de cinquante-six ans. — Michel Danguy, du diocèse d’Avranches, vicaire à Saint-Sulpice, installé le 12 juin 1790, dénoncé le 8 juin 1792 par vingt-deux citoyens de Fromentières, pour son refus de serment et « sa conduite incivique excitant des troubles par les rassemblements nombreux dont sa présence est la cause, » remet, le 15, les registres paroissiaux à la municipalité et va, par ordre du directoire, se constituer prisonnier aux Cordeliers de Laval, d’où il est déporté au mois de septembre 1792, en Angleterre. De retour à Saint-Germain en 1800, il reste dans sa cure jusqu’en 1807. — Louis Labouré, ancien desservant de Molières, 1807, † 1822. — François Logeais, 1822, † 1825. — Goussé de la Lande, 1836-1845. — Jean-René Gazeau, 1845-1858. — Salmon, 1858. — Pierre Boutruche, 1858-1861. — Julien Godeau, 1861-1880. — Henri Baudre, 1880-1897. — Pierre Bouillon, 1897.

Presbytère près de l’église, construit en 1751, par M. Jean Bauné.

Cimetière situé près de l’église, au couchant, nouvellement clos de murs en l’an XII, transféré vers 1870 à 200 m. du bourg.

École mixte tenue par une institutrice laïque, reconstruite en 1880 pour 12.800 fr.

Féodalité — En 1423, le seigneur de Villiers-Charlemagne déclare relever d’Azé pour « ses choses de Saint-Germain. » De même Joachim du Bouchet, seigneur de Villiers, dit tenir d’Azé « le fief de Saint-Germain ». Marguerite du Bouchet, veuve de Josué Robineaulx, donna à rente en 1653 le fief et seigneurie de Saint-Germain à René du Matz, marquis du Brossay, mais avant 1685 ce fief appartenait au marquis de la Rongère. Les officiers de Laval réclamèrent au XVIIIe s. la suzeraineté de Saint-Germain-de-l’Hommel, mais le conseil du duc de la Trémoïlle décida qu’avant de soutenir cette prétention, il fallait se reporter aux anciens aveux, parce que celui de 1719 avait compris par erreur plusieurs mouvances qui n’appartenaient pas au comté et à la châtellenie de Meslay.

Notes historiques — L’église ayant été contre l’usage accordée à un clerc séculier, l’abbé de Toussaint pria l’évêque du Mans, Geoffroy de Loudon, de reconnaître son droit par un acte qui empêcha la prescription. L’évêque le fit. La charte existe en original au fonds de Toussaint, à Angers, datée du mois d’octobre 1232. — En 1317, les chanoines du Mans, parmi lesquels Hugues de Houssay, de Husseyo, achetèrent, des deniers légués par Jean de Longpré, une dîme en Saint-Germain que détenaient Jean Godivier, écuyer, et Agathe, sa femme. Cette dîme, dite de Saint-Germain ou d’Enfer, appartint au chapitre jusqu’en 1790. — Les paroissiens prennent des Anglais une sauvegarde et 22 bullettes le 8 décembre 1433.

Malgré le zèle patriote des gardes nationaux de Châtelain, Coudray et Ménil, qui étaient venus le 9 mars 1792 fermer l’église dans le but d’unir la paroisse à Fromentières, le curé Danguy y resta au moins jusqu’au 15 juin 1792.

Maires Foucault-Durocher, 1798. — Guédon, 21 messidor an VIII. — Julien Lepescheux, 21 vendémiaire an IX, démissionne, an X. — Sébastien Guyaumé, 24 nivôse an X, 1808. — Julien Perrault, 1808, 1821. — Lezé, 1823, 1830. — Gervais Verger, 1834, 1840.

Reg. par. à la mairie de Fromentières depuis 1561, incomplets. — Arch. de la M., B. 113, 551, 612, 742, 2.866. — Arch. nat., P. 337/1 ; KK. 324. — M. de la Beauluère, Recherches mss. — Revue du Maine, t. XVI, p. 202. — Chart. de la Rongère et de Rânes. — Arch. de M.-et-L., E. 2.890. — Bull. hist. de la M., t. II, p. 287. — Etude de Grez-en-Bouère, 1658.


Saint-Germain-de-l’Hommel. — Parrochia Sancti Germani de Ulmo (Arch. du Maine, t. IX, p. 93).

Population : 150 hab. en 1901 ; — 132 hab. en 1906 ; — 40 hab. dans le bourg.

Pas d’assemblée.

Quelques vignes insignifiantes.

L’église est fermée, le 9 mars 1792, en même temps que celles de Saint-Michel-de-Feins et d’Argenton ; et la paroisse est déclarée supprimée, annexée à Ruillé par le département, le 8 août 1792.

Curés : Michel Danguy, à son retour de l’exil, fut pris de la passion de rimer. Il commit entre autres une pièce intitulée : Vote sur le Consulat à vie de Napoléon Bonaparte le 1er prairial an X de la République. On y lit ces vers :

Héros digne à jamais d’une gloire immortelle,
Avec qui pourrions-nous te mettre en parallèle ?
On vante Charlemagne et le grand Constantin :
Tu peux les devancer sans te lever matin.

A l’évêque et au préfet il adresse de moindres morceaux, pour féliciter le premier de ses succès dans la réconciliation des schismatiques et demander aux deux la conservation de sa paroisse. Il signe :

Michel Danguy, curé du très petit hameau
Que l’on appelle ici Saint-Germain de l’Hommeau.

Le rimeur devint curé de Ballée, 1807, † 1835.

MM. Pierre Boutruche et Jul. Godeau, ont contribué aux restaurations de l’église et du presbytère.

Dans l’ancien cimetière qui entoure l’église plusieurs croix de marbre anciennes, l’une du XVIe siècle (V. Épigraphie, t. I, p. 335). Un nouveau cimetière a été inauguré à 200 mét. du bourg, par l’initiative de M. Godeau, qui s’occupa activement aussi de l’établissement de l’école mixte à laquelle la commune de Fromentières contribua pour 6.000 fr. et l’État pour une somme égale.

Jean Godivier, écuyer, et Agathe, sa femme, vendent le 23 janvier 1317 au chapitre du Mans représenté par Hugues de Houssay et Hector, chanoines, les dîmes en fruits, grains, vignes, etc., qu’ils possédaient dans la paroisse. Des fermages sont perçus dans les biens nationaux le 11 et le 15 février 1795 par Cœur-de-Roy et Va-de-bon-Cœur. Dix Chouans sont signalés rentrés dans la commune après la pacification.

L’inventaire de 1906, après une tentative faite le jeudi 15 mars par l’agent seul en dehors de toutes formes légales, et à laquelle M. le curé refusa de s’associer, fut repris le lendemain avec assistance des gendarmes. La clef étant à la porte, on laissa l’un des gendarmes ouvrir l’église.


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